L'histoire du basket au Mans


1928-1962 : La naissance du S.C.M. puis les montées jusqu'à l'élite française

     En 1928, Léopold Gouloumès, grand industriel français de l'époque, arrive au Mans pour créer une nouvelle société de produits alimentaires qu'il nomme "La société des Comptoirs Modernes". Dix ans plus tard, Bernard Gasnal arrive dans cette société et s'étonne qu'elle ne compte pas d'équipe de sport. Il décide donc de monter un club de football avec des copains, le "Goulou club". Cela peut paraître incroyable mais cet homme est toujours au MSB ! Mais la deuxième guerre mondiale arrive et les hommes doivent partir au front. Leurs femmes ont une excellente idée : pour s'occuper, elles veulent faire du sport et décident de créer une équipe de basket. En 1941, le gouvernement français interdit aux clubs de sport de porter le nom d'une société. Le "Goulou club" doit donc changer son nom et devient le "Sporting Club Moderne" ou S.C.M.. Ce sera le nom du club jusqu'en 1993. Monsieur Gasnal revient ensuite de la guerre et est fort surpris des performances des femmes qui deviennent championnes de France en 1952. Il monte rapidement une équipe masculine, et ne sait pas encore que c'est le point de départ d'une formidable aventure. Immédiatement, un grand nombre de joueurs de la région mancelle veulent intégrer le club, qui peut ainsi se permettre de construire une salle. La progression de l'équipe dans la hiérarchie française est très rapide ; ce qui lui permet de jouer en troisième division dès 1961. Les choses deviennent sérieuses et le président décide d'appeler un entraîneur du nom de Justy Specker pour diriger l'équipe. C'est un excellent choix et le club accède à la seconde division en une saison seulement. Arrive l'année 1962, qui est probablement l'année la plus importante de l'histoire du club. Le président et l'entraîneur veulent rejoindre la première division le plus rapidement possible. Pour atteindre cet objectif, ils persuadent un jeune joueur, qui est un des meilleurs à cet époque, de les rejoindre. Ils ne savent pas encore que cette personne allait devenir le personnage central du club pour très longtemps, puisqu'il est actuellement son président. Son nom est Christian Baltzer. Grâce à lui, l'équipe ne perd qu'un seul match au cours de la saison et accède ainsi sans difficulté à l'élite française, la Nationale 1.

1963-1973 : Les débuts en Nationale 1

     Pour sa première saison en Nationale 1, le S.C.M. finit à une très bonne cinquième place. La deuxième saison est paradoxale. L'équipe doit absolument remporter son dernier match de championnat pour se maintenir et est dans le même temps qualifiée pour les demi-finales de la coupe de France. Heureusement, elle parvient à décrocher deux victoires. Le S.C.M. reste donc en Nationale 1 et est qualifié pour la finale de la coupe de France et peut ainsi espérer décrocher un premier trophée. Cette finale se joue à Tours face au Roanne d'Alain Gilles, qui est peut-être le plus grand basketteur français de tous les temps, et va connaître un scénario étonnant. Le S.C.M. mène de deux points à la mi-temps. Mais les arbitres sifflent un très grand nombre de fautes au cours de la partie, si bien que la fin du match se déroule entre trois manceaux et quatre joueurs de Roanne, dont Alain Gilles. Mais le S.C.M. réalise un véritable exploit et remporte finalement le match 70 à 68. Le Mans gagne ainsi son premier trophée. Suivent ensuite quatre saisons plus tranquilles où le club reste dans le milieu du classement : 7° en 1965, 4° de poule en 1966, une prometteuse 4° place en poule finale en 1967, 6° en 1968. L'année 1968 marque les débuts du basket professionnel en France. Un an plus tard, deux joueurs américains arrivent au club. Le premier, Denver, n'est pas le joueur espéré. Mais le second, Art Kenney, jouera au Mans quatre saisons durant et il est aujourd'hui reconnu comme un des plus grands joueurs ayant porté le maillot manceau, grâce à sa gentillesse et à son excellent basket. Le Mans termine quatrième en 1969, mais obtient un très bon classement en 1970 en devenant vice-champion de France et en se qualifiant pour sa deuxième finale de coupe de France. Malheureusement, l'équipe perd cette finale après avoir pourtant mené de onze points à cinq minutes de la fin. Les exploits des manceaux sont suivis par beaucoup de monde et la salle Gouloumès devient rapidement trop petite. C'est ainsi qu'est construite une nouvelle salle, la Rotonde, en 1971. Sa capacité maximale tourne aux environs de 6000 places, ce qui en fait à l'époque la plus grande salle de France. Il y a même souvent entre 7000 et 8000 spectateurs pour assister aux matches, les personnes acceptant de s'asseoir sur les marches ! Mais les résultats ne suivent pas forcément. En effet le S.C.M. termine 9° en 1971, 6° en 1972 et 1973. En 1973, une petite révolution s'opère au sein du club. Christian Baltzer et Pierre Cordevant arrêtent leurs carrières après onze années passées au club. Ils ont construit les fondations d'un club important et désormais ce sont aux jeunes de prendre la relève.

1974-1984 : La période de la gloire

     C'est pourquoi trois joueurs prometteurs font leur arrivée : Patrick Robin, Jacky Lamothe et Eric Beugnot. Ils resteront une dizaine d'années au club. Art Kenney fait dans le même temps son retour. Lors de l'été 1973, les dirigeants font venir un nouvel américain, Lloyd King, qui deviendra au fil des ans le meilleur américain ayant porté le maillot orange. Tout le monde l'apprécie car c'est un très bon scoreur mais il peut aussi être un joueur très collectif s'il le faut ; ce qui n'était pas courant pour un américain à cette époque. Ses débuts sont pourtant difficiles car il n'est pas utilisé convenablement par le coach. A la mi-saison, Christian Baltzer est rappelé pour diriger l'équipe. La confiance revient et le S.C.M. gagne presque tous ses matches jusqu'à la fin de la saison, et termine ainsi à une extraordinaire deuxième place synonyme de première qualification de l'histoire du club pour une coupe d'Europe. M Baltzer a bien assuré l'intérim et Bob Andrews est appelé pour diriger l'équipe pour la saison 1974-1975. Le S.C.M. est le favori du championnat et est leader à la mi-saison. Mais Lloyd Kind se blesse et le club obtient finalement la troisième place. Pour la saison suivante, le S.C.M. semble encore meilleur avec l'arrivée de Hervé Dubuisson et de Bill Cain. Mais Mc Kenzie, un joueur canadien, ne parvient pas à s'intégrer au groupe, qui finit à la quatrième place. La malédiction continue en 1976-1977. Lloyd King manque le début de saison pour cause de blessure et l'équipe ne joue vraiment bien qu'à partir de son retour, ce qui lui permet d'accrocher la troisième place. Bernard Gasnal, qui était président du club depuis 33 ans, décide de partir lors de l'été 1977 et cède sa place à Christian Baltzer. Sa première décision est d'engager un nouveau coach, Bill Sweek, et un américain excellent défenseur, James Lister. Ce sont deux excellents choix et l'équipe débute le championnat par douze victoires. La Rotonde devient trop petite et deux écrans géants doivent même être installés à proximité de la salle pour qu'un maximum de personnes puissent tout de même assister aux matches. A la moitié du championnat, le S.C.M. est leader et démarre la phase retour par huit succès. C'est suffisant pour offrir au club son premier titre de champion de France. A la fin de la saison, King et Lister s'en vont monnayer leur talent dans des clubs plus riches en Europe. L'effectif semble bien moins talentueux que le précédent mais la solidarité qui règne entre les joueurs permet de conserver le trophée de champion de France. A la fin de cette saison 1978-1979, un grand nombre de personnes quittent le club : le président Christian Baltzer, le coach Bill Sweek ainsi que quatre joueurs dont les américains. Bob Purkisher arrive pour diriger l'équipe et connaît beaucoup de difficultés à cause des nombreuses blessures des joueurs, à tel point qu'il doit jouer des matches malgré ses 37 ans. La fin du championnat est plus calme et le S.C.M. est finalement vice-champion de France. Le budget réduit du club ne lui permet pas de conserver ses meilleurs éléments, ce qui a pour conséquence une réduction de l'effectif à huit joueurs en comptant Bob Purkisher. Mais le S.C.M. a enrolé l'américain Floyd Allen, meilleur marqueur du championnat précédent. L'équipe termine première de la saison régulière, mais perd la finale contre l'ASVEL 85 à 70 malgré les 25 points d'Eric Beugnot. L'américain naturalisé Bob Wymbs arrive pour la saison 1981-1982. L'équipe est au-dessus du lot et remporte le championnat pour la troisième fois. Mais juste après la fin de la saison, le coach Bob Purkisher se tue dans un accident de voiture près du Mans. Cette dispartition est un drame pour le club, qui ne s'en remettra jamais. La saison 1982-1983 est diffcile mais un recrutement judicieux permet au club de devenir une nouvelle fois vice-champion de France. En 1984, le S.C.M. obtient la troisième place, la plus mauvaise depuis sept ans... Eric Beugnot, qui aura marqué plus de 5000 points pour le club, s'en va. Ce départ marque le début du déclin du club.

1985-1996 : La relégation du club et la remontée

     Les deux saisons suivantes sont catastrophiques pour le S.C.M.. Après une dixième place en 1985, et donc la première non-qualification du club pour une compétition européenne depuis onze ans et une septième place en 1986, le S.C.M. se retrouve relégué en Nationale 1B en 1987 ; chose qui était inconcevable deux années auparavant. Tom Becker, qui a déjà fait monter Cholet auparavant, est appelé pour diriger l'équipe. Mais tout n'est pas si facile et le club tutoit la remontée sans l'atteindre pendant deux saisons : 4° en 1988 et 3° en 1989, avec à chaque fois une défaite en barrages pour l'accession. Le S.C.M. décroche enfin son retour parmi la Nationale 1A en 1990 en devenant champion de France de Nationale 1B. Le retour parmi l'élite est très difficile et le club traîne en fond de classement : 13° en 1991, puis 12° en 1992 et 11° en 1993. L'équipe sauve sa peau à chaque fois lors des barrages de descente. Le Sporting Club Moderne commence alors sa mue et devient Le Mans Sarthe Basket ou M.S.B. le 6 septembre 1993. Pour sa première saison, le M.S.B. termine 13°, perd cette fois-ci les barrages mais se maintient grâce à la disparition de Sceaux. Pire, l'équipe est 14° et dernière la saison suivante et doit son salut à l'augmentation du nombre d'équipes en Nationale 1. Les barrages sont évités en 1996 grâce à une 12° place, mais la nouveauté de cette saison est l'inauguration d'Antarès, magnifique salle de 6200 places, le 25 septembre 1995.

1997-2004 : Le retour du club parmi les meilleures équipes françaises

     Malgré ces résultats plutôt décevants, les supporters sont optimistes pour la saison 1996-1997. En effet, le club dispose désormais d'une superbe salle et les dirigeants semblent plus sérieux et prudents qu'auparavant. Ils parviennent à trouver un entraîneur qui s'averera être l'homme de la situation : Alain Weisz. Il engage alors Ron Anderson, un scoreur qui a disputé plus de 600 matches en NBA. Grâce à ces deux personnes et à la cohésion qui règne dans le groupe, le M.S.B. termine à une magnifique quatrième place synonyme de qualification pour une coupe d'Europe, et atteint même les demi-finales de la coupe de France. C'est la meilleure saison pour le club depuis fort longtemps. Keith Jennings, un américain qui ne mesure que 1m70, est embauché pour essayer de confirmer ces bons résultats. L'équipe termine 7° et l'objectif est atteint. En 1999, Jennings est désigné comme étant le meilleur joueur du championnat, l'équipe termine 6° mais parvient à atteindre les demi-finales des playoffs en éliminant Cholet en trois manches très disputées. Jennings marque même un panier hallucinant à trois points au buzzer de la première manche à Cholet pour arracher la victoire. L'été 1999 est tourmenté : Alain Weisz veut à tout prix conserver Jennings dans son effectif mais ce dernier signe à l'ASVEL et au Real Madrid afin d'atterir finalement à St Petersbourg, équipe russe qui joue en Italie (!!!). Arrive alors le plus grand joueur (par la taille) ayant opéré au Mans : l'américain Walter Palmer et ses 214 centimètres. Son talent n'est malheureusement pas à la hauteur et l'ambiance au sein du groupe se dégrade. Le M.S.B. termine 7° et est sorti en quarts de finale des playoffs. A la fin de la saison, Alain Weisz s'en va diriger l'équipe de France et est remplacé par son assistant Vincent Collet. Ce dernier a l'audace d'engager le plus petit joueur de l'histoire du championnat de France. Il est américain, s'appelle Shawnta Rogers et ne mesure que 1m61, mais possède un grand talent. Le deuxième américain, Chris King, a joué une grosse centaine de matches en NBA et est un excellent scoreur. Cette paire permet au club de terminer à une inattendue troisième place. L'équipe obtient même son billet pour les demi-finales des playoffs et pour les quarts de finale de la coupe de France. Ces résultats constituent les meilleurs du club depuis 17 ans. L'effectif est quasiment inchangé pour la saison 2001-2002 mais l'équipe termine finalement à une assez décevante septième place au championnat. La saison 2002-2003 marque une petite révolution dans le club. En effet, l'équipe est fortement rajeunie par l'intégration de deux jeunes espoirs formés au club, Philippe Amagou et Alain Koffi, et l'arrivée d'Amara Sy. Les résultats sont tout de suite au rendez-vous et l'équipe obtient la troisième place de la saison régulière avant d'atteindre les demi-finales des playoffs. Mieux encore, lors de la saison 2003-2004, cette nouvelle équipe très spectaculaire remporte la coupe de France vingt-deux ans après le dernier trophée du club. La fête aurait pû être encore plus belle puisque elle a également réussi l'exploit de terminer à la première place de la saison régulière avant d'échouer en demi-finales des playoffs. Mais les fans sont convaincus que le meilleur reste à venir...



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